La glycation est un phénomène qui nous concerne tous. Peu connue, elle est pourtant au coeur des mécanismes de vieillissement et concerne l’ensemble des éléments du corps humain. La glycation se caractérise par une «caramélisation» de l’organisme qui ruine la santé et accélère le vieillissement.
Définition de la Glycation :
La glycation, appelée également Réaction de Maillard, est le moins connu des mécanismes physiologiques du vieillissement humain à l’inverse de l’oxydation (ou stress oxydatif), mieux connue et mieux décrite. Facteur majeur du vieillissement, la glycation concerne les protéines qui sont présentes dans toutes les cellules du corps humain. Toutes. Sans exception. Elles sont présentes car ce sont elles qui constituent les authentiques briques de notre organisme. En effet, les protéines sont des éléments de « structure » puisque tels des matériaux de construction (au sens propre) elles permettent d’élaborer :
Les os, les cartilages articulaires, les muscles, les tendons, les ligaments, la peau, les parois artérielles et veineuses, les nerfs, les neurones, les tissus constitutifs des organes (coeur, foie, reins, poumons, yeux …), les membranes et les noyaux des cellules, les mitochondries du cytoplasme, l’ADN de notre capital génétique.
Les protéines glyquées de notre corps
Les plus connues de ces protéines de « structure » de notre organisme sont le collagène, l’élastine et la kératine. Or quand nous vieillissons, ces protéines subissent une lente transformation nommée glycation, phénomène qui s’apparente à la caramélisation. Pour illustrer ce processus, alors que le sucre en poudre permettant de fabriquer du caramel est fluide, la caramélisation le durcit.
Il en est ainsi des protéines glyquées : elles perdent leur souplesse et durcissent. Sans entrer dans des détails trop scientifiques, la glycation est un phénomène du à la Réaction de Maillard (du nom du biologiste qui l’a décrite, Louis-Camille Maillard). Il s’agit de la fixation d’un sucre réducteur (glucose ou fructose) sur les acides aminés constituant les protéines telles que le collagène, l’élastine et la kératine.
Ce phénomène biochimique entraîne la formation de « protéines glyquées », produits de glycation avancée nommés AGE (Advanced Glycosylation End). Ce nom de « AGE » associé à la glycation dans la terminologie scientifique traduit ce qu’elle provoque : le vieillissement des tissus affectés par ce processus dégénératif.
Les modifications qu’entraîne la «Réaction de Maillard» provoquent ce que les biologistes appellent la sénescence cellulaire. Sans commentaire ! Lorsqu’on fait une analyse de sang, on mesure le taux de HbA1c (taux d’hémoglobine glyquée) pour connaître le niveau de la glycation.
Glycation des artères et risque d’anévrisme
Prenons un seul exemple, celui des artères : leur paroi est composée de trois couches successives : la membrane externe, nommée adventice, qui permet à l’artère de se fixer aux différents tissus qu’elle traverse, la membrane intermédiaire, nommée media, qui donne à la paroi de l’artère son élasticité, sa motricité afin de favoriser la bonne circulation du sang et la membrane interne, nommée endothélium, en contact direct avec le sang et dont la fonction est de rendre l’artère imperméable. Or ces membranes artérielles sont essentiellement constituées de protéines :
collagène, élastine et protéines fibreuses. Avec le temps et les années qui passent, le phénomène de glycation affectant ces protéines de structure entraîne un durcissement des membranes artérielles, une rigidité qui a de graves conséquences.
Non seulement le sang circule moins bien, ce qui entrave le bon fonctionnement des territoires respectifs irriguées par les différentes artères (par exemple le coeur pour les coronaires ou le cerveau pour les carotides), mais le risque est grand de voir se rompre la paroi artérielle durcie et rigide par la caramélisation glyquée, avec pour conséquence un anévrisme dont la rupture entraîne une hémorragie interne le plus souvent mortelle.
Pancréas : la glycation des tissus du pancréas entraîne l’obstruction des canaux, de l’isthme et de l’ampoule pancréatique. Les cellules Bêta des îlots de Langerhans fonctionnent alors au ralenti avec pour conséquence l’arrêt progressif de la sécrétion d’insuline, hormone qui régule la glycémie, et le diabète s’installe. De plus, le taux de sucre dans le sang des malade du diabète étant plus élevé, l’accumulation d’AGE est plus importante avec pour répercussion le vieillissement de la peau.
Cerveau : la glycation des dendrites qui prolongent les neurones du cerveau entraîne une perturbation des neuromédiateurs. Il s’ensuit une perte de la mémoire et du sommeil, des difficultés de verbalisation (on cherche ses mots) et une dégénérescence contribuant à l’apparition de la maladie d’Alzheimer.
Oreilles : la glycation touche l’ensemble des éléments auditifs, affectant la paroi du labyrinthe, celle du vestibule de l’oreille interne, de la trompe d’eustache et du tympan. Cela entraîne une baisse progressive de l’audition ainsi que d’autres troubles : acouphènes, bourdonnements d’oreille, perte d’équilibre, vertiges.
Yeux : la glycation des membranes oculaires entraîne des troubles visuels. Le cristallin est opacifié, ce qui provoque la cataracte, vision voilée et floue, mouches volantes. La rétine est fragilisée, ce qui contribue à la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA) avec une baisse de la vision, aussi bien de près que de loin.
Articulations : la glycation de la membrane synoviale qui entoure les capsules articulaires aggrave les pathologies associées à la désagrégation des cartilages qui provoque l’arthrose. En effet la lubrification ne se fait plus et l’inflammation est sensiblement accrue. Alors la douleur devient insupportable.
Surrénales : la glycation affecte les glomérules composant les glandes endocrines surmontant les reins. Cela réduit considérablement la sécrétion de trois hormones majeures : pour la médullosurrénale, l’adrénaline à fonction antifatigue, pour la corticosurrénale, le cortisol anti-stress et la DHEA antivieillissement.
Intestins : la glycation affecte les villosités de la paroi intestinale. Un ralentissement du transit se produit alors, provoquant une constipation fonctionnelle chronique, des putréfactions intestinales, des ballonnements et des douleurs, les diverticules tapissant la muqueuse étant eux-mêmes touchés.
Veines : la glycation des parois internes des veines entrave la circulation du sang. Les jambes deviennent lourdes, avec pour conséquences : chevilles gonflées, oedème, fourmillements douloureux dans les mollets, crampes nocturnes, taches violacées (purpura), varices, mais aussi hémorroïdes et couperose.
Libido : la glycation touche les membranes des corps caverneux et du corps spongieux de la verge, ainsi que celles de l’urètre et des artères péniennes. Il s’ensuit une dysfonction érectile progressive. La libido féminine est aussi concernée. La glycation, affectant les capillaires vaginaux, réduit l’intumescence et la lubrification.
Foie : la glycation affecte les membranes des hépatocytes. Le canal hépatique, la vésicule biliaire et le canal cholédoque sont obstrués par des protéines glyquées. Non seulement le foie ne sécrète plus assez de bile mais celle-ci a du mal à rejoindre le duodénum. Cela entraîne de gros problèmes digestifs.
Peau : la glycation affecte les trois couches constituant la peau. Le tissu de l’hypoderme, ce qui freine l’apport nutritionnel nécessaire à la santé de la peau. Le collagène et l’élastine du derme sont atteints, ce qui provoque une perte d’élasticité que l’on peut constater par exemple sur le visage : plis de la bouche, double menton. Enfin la rigidification de l’épiderme entraîne la formation de rides et l’hydratation cutanée s’affaiblit.
Les conséquences de la glycation sur tout le corps
Indépendamment des méfaits sur les artères décrits plus haut, la glycation des protéines (collagène et élastine) se manifeste dans l’ensemble des composants du corps . Les protéines glyquées accélèrent le vieillissement et créent un stress oxydatif avec une production massive de radicaux libres. Cela entraîne de multiples maladies avec l’âge.
Quelles stratégies pour l’éviter ?
Pour lutter efficacement contre la glycation, vous pouvez agir principalement sur 3 fronts :
1) Le comportement alimentaire. Le mode de cuisson influence la quantité d’AGE. La cuisson catalyse les réactions entre sucres et protéines. Or, plus la température de cuisson est élevée, plus la formation d’AGE est importante… c’est la réaction de Maillard abordée précédemment. Il est donc recommandé de privilégier des modes de cuisson plus doux que le barbecue ou le four, comme la cuisson à la vapeur ou en faisant mijoter les plats à feu doux. Faites une pause avec l’alimentation grasse et l’alimentation sucrée. Enfin, consommez des aliments ou plantes riches en flavonoïdes, puissants inhibiteurs de la glycation. En effet, les flavonoïdes contribuent à limiter le développement des mécanismes néfastes liés à la glycation. Le Thé vert, la Vigne rouge, le Cacao, le Maté et le Raisin présentent un haut taux de flavonoïdes.
2) L’hydratation est essentielle. Il est recommandé de boire beaucoup, surtout de l’eau minérale. L’eau stimule notamment les fibres de collagène et l’élasticité de la peau.
3) Si la pratique d’une activité sportive régulière est toujours bénéfique pour le corps, le sport intervient aussi fortement dans la lutte contre la glycation.
Une alimentaire saine qui se passe de cuissons au-delà de 180 degrés, une bonne hydratation quotidienne, du sport… vous avez les clés pour retrouver votre jeunesse.